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Complete Works 03

by Luc Ferrari

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1.
[…] - Non… nous autres on le trouve pas beau, parce qu’on est là chaque jour. - Là vous le voyez bien joli, mais s’il vous fallait rester ici, comme nous, tout l’hiver… - L’été je veux pas dire. Mais l’hiver, vous savez que… […] - Ce que nous voulons, en soignant notre troupeau, comme nous le pouvons… on se sert un peu et nous récoltons quand le temps nous le dit bien. Mais quand le temps ne nous le dit pas, on ne récolte pas beaucoup. […] - Et oui… ou bien alors en deux fois. Mettons, deux kilos pour bien les nourrir. Vous avez deux rations, une le matin et une le soir. Mais elle, elle mange la nuit sans lumière. Une bonne ration, avec de la paille aussi. […] - Tout seul toute la journée. J’aime la solitude. J’aime ça. - Je connais mon troupeau, je connais toutes les bêtes. Je les connait toutes individuellement. Elles sont mêmes baptisées. Toutes on leur nom. - Je suis complètement — libre. Il faut aimer ça. En ville on est pas libre. Quand vous allez en ville, vous ne pouvez pas faire le travail. Vous devez faire le travail qu’on vous commande. Moi je fais le travail à ma manière. Je le fais à mon idée, vous voyez ? Je suis juste libre. - J’aime pas bien la société. De temps en temps, mais pas… pas tout le temps. […] - Un véritable berger doit être avec son troupeau 24 heures sur 24. S’il a une femme, il fera son travail comme à la ville… ses heures de travail, et puis le reste sera à sa vie de famille. Tandis que là, un berger se consacre à ses moutons, et… c’est tout. […] - Et parcequ'en gardant comme ça, on ne s’ennuie pas. On se distrait comme ça. En gardant on passe le temps. Hein, ça ne vous plairait pas à vous de faire les bergers, vous ? Vous restez un moment immobiles avec les bâtons là. Seulement quand il y en a qui sont malades il faut les soigner. Vous savez que l’expérience d’un berger, ça vaut plus que les études d’un vétérinaire. Moi il y a 50 ans que je garde. […] - Merci pour le séjour ici. - Au revoir !
2.

about

1.
PETITE SYMPHONIE INTUITIVE POUR UN PAYSAGE DE PRINTEMPS
1973-74

◆ Cette musique électroacoustique fait partie d’une série de ce que l’on pourrait appeler “paysage imaginaire sonore”. Contrairement à ‘Presque rien ou le lever du jour au bord de la mer’, où le paysage se raconte lui-même, ici c’est un voyageur qui découvre un paysage et qui essaie de l’évoquer comme paysage musical.
Nous étions, Brunhild et moi, dans les environs des Gorges du Tarn.
Nous avons eu l’idée de prendre une petite route qui escaladait une montagne rocailleuse pendant une dizaine de kilomètres.
Après un dernier tournant s’ouvrit devant mes yeux un paysage totalement inattendu. C’était le coucher du soleil. Devant nous, un plateau très vaste s’étalait avec de courbes douces jusqu’à l’horizon, jusqu’au soleil. Les couleurs allaient du jaune d’herbe sèche au mauve du lointain, passant par le noir de quelques petits bosquets ponctuant l’espace. La nature presque vide s’offrait à l’œil sans aucun obstacle. On voyait tout.
Plus tard, lorsque je me suis ressouvenu de ce lieu et des sensations que j’avais éprouvées, j’ai essayé de composer une musique qui soit capable de faire revivre mon souvenir.
Le “Causse Méjean” est un haut plateau d’une altitude d’environ 1000 m dans le Massif Central. Il est ponctué par des fermes loin les unes des autres. Quelques personnages rentraient leurs troupeaux de brebis. J’ai eu l’idée d’évoquer cette présence d’humains solitaire et diffuse par des fragments de conversations que j’ai eues avec quelques-uns des bergers.
Le langage humain est intégré dans la texture musicale ; le son de la voix dit bien plus que ce qu’elle dit réellement.
Un des bergers disait un jour : “Je ne m’ennuie jamais. J’écoute le paysage. Quelquefois je souffle dans ma flûte et j’écoute l’écho qui me parle…”.
C’est en pensant à lui, que j’ai utilisé la flûte et son écho dans ma musique.
[Luc Ferrari]

◇ This piece of electroacoustic music is part of a series, which could be called an “imaginary sound landscape or soundscape”. Contrary to ‘Presque rien ou le lever du jour au bord de la mer’, where the landscape explains itself, here a traveller discovers a landscape and tries to evoke it musically.
There was Brunhild and I in the surroundings of the Gorges du Tarn.
We had the idea to take a small road climbing a rocky mountain for ten kilometres.
After having climbed the last swirl, an entirely unexpected landscape opened in front of my eyes. It was sunset. In front of us, a gigantic plateau widened with sweet curves until the horizon, until the sun. The colors reached from the yellow of the dry grass to the mauve in the distance, via the black of the few small forests, which accentuated the space. Nearly empty nature offered itself to the eye without any obstacle. We could see everything.
Later on, when I remember this place and the feelings I had when I discovered it, I tried to compose a piece, which remembering could bring it back to life.
The ‘Causse Méjean’ is a high plateau of an altitude of about 1000 meters in the Massif Central. It is scattered with distant and hardly visible farms; you could only see some shepherds who slowly led their flocks. I wanted to accentuate this lonely and diffuse human presence with fragments of conversations that I had with some of the shepherds.
The human language is integrated into the musical texture; the sound of the voice says much more than what is really said.
One of the shepherds said one day: ‘I am never bored. I listen to the landscape. Sometimes I blow into my flute and I listen to the echo which talks to me…’ While thinking of him, I used the flute and its echo in my music.
[Luc Ferrari]

• Composed with elements for a documentary film directed by Luc Ferrari “Presque Rien ou Le désir de vivre — Episode 1”
• Premiered at GMEB in 1983, Bourges
• Voices: farmers, Rolf Becker & Erika Magdalinski

2.
PROMENADE SYMPHONIQUE DANS UN PAYSAGE MUSICAL
Un jour de fête à El Oued en 1976
1976-78

◆ Voici comment se raconte l’histoire, et c’est bien une promenade symphonique qui a été effectuée à travers un paysage.
C’est le matin. Un promeneur accompagné de sa femme, de ses amis algériens et de son magnétophone, vient du désert. L’air est silencieux, mais l’acoustique est habitée. Une tente de Nomades apparaît entre les dunes, des femmes qui tissent un tapis l’invitent à prendre le café. Le promeneur reprend sa route et pénètre dans la ville ; puisque son rôle est d’écouter et de se promener il se promène. Il visite entre autres choses le marché où la symphonie des voix s’organise, des rythmes s’ébauchent.
C’est l’après-midi. Un homme voyant mes micros se met spontanément à chanter une longue mélopée érotique. La foule s’amasse, réagit, la fête s’organise, plusieurs sont allés chercher leur vieux fusil pour accompagner le chant. Il y a un mariage aujourd’hui. Un orchestre de tambours surgit sur la place, danse et chante pendant des heures.
C’est le soir. Le youyou des femmes annonce l’arrivée de la fiancée. Un groupe de vieux sages accroupis chantent le Coran en battant le sable de leurs chaussures, pendant que des jeunes filles très belles balancent rythmiquement leur tête en faisant voler d’avant en arrière leur magnifique chevelure.
C’est la nuit. L’orchestre y disparaît en dansant.
[Luc Ferrari]

◇ This is how the story goes, and it is indeed a symphonic stroll through a landscape.
It's morning. A stroller, accompanied by his wife, his Algerian friends and his tape recorder, comes in from the desert. The air is silent, but the acoustics are inhabited. A Nomad tent appears between the dunes, and women weaving carpets invite him in for coffee. The walker resumes his journey and enters the city; since his role is to listen and wander, he wanders. Among other things, he visits the market, where the symphony of voices is organized and rhythms are sketched out.
It's afternoon. A man sees my microphones and spontaneously begins to sing a long, erotic melody. The crowd gathers, reacts, the party gets organized, several of them fetch their old rifles to accompany the singing. There's a wedding today. A drum orchestra bursts into the square, dancing and singing for hours.
It's evening. The women's youyou announces the arrival of the bride. A group of crouching old sages chant the Koran, beating the sand with their shoes, while beautiful young girls rhythmically sway their heads, making their magnificent hair fly back and forth.
It's nighttime. The orchestra disappears, dancing.
[Luc Ferrari]

• Composed with elements for a documentary work titled “Algérie 76”
• Originally released on B side of LP ‘Presque Rien N°2’ INA-GRM 9104 FE, 1980

credits

released April 25, 2024

© Luc Ferrari
℗ Maison ONA

Album cover based on picture by Hildegard Weber.

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about

Luc Ferrari Paris, France

1929 – 2005

Never ceasing to investigate, Luc Ferrari leaves behind a body of work by turns exalting, noble, funny, intimate, and nocturnal. Like a mirror turned toward the Other, it reflects the world and its fantasies.

He had a weakness for women with accents.
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